Randonnée des Chapelles et Moulins de Guénouvry sur Guémené-Penfao: Commentaires de Jean Bourgeon, Historien et écrivain.
Suivre les indications pour effectuer soi-même cette randonnée
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Les Photographies sont pour la plupart de Jean Bourgeon.
(Merci de respecter l'itinéraire mentionné (non balisé) et de ne pas dépasser les limites de propriétés lorsque celles-ci sont privées.)
Départ :
place de l’église de Guénouvry
En
1846, Guénouvry est érigé en paroisse. L’histoire tourmentée de
l’église, construite en 1847, vous est contée sur des panneaux
situés sous le porche. Vous pouvez aussi retrouver l’histoire de
l’église et de la paroisse sur le
site
de la mairie de Guémené-Penfao à l’onglet « Histoire- et
Patrimoine-Livrets ».
http://www.mairie-guemene-penfao.fr/medias/2022/02/La-paroisse-de-Guenouvry-et-son-eglise-Jean-Bourgeon.pdf
Jusqu’à
la chapelle Sainte-Anne de Lieu-Saint, l’itinéraire suit celui
emprunté, jusque dans les années 1950, par la procession du
pèlerinage à Sainte-Anne qui se déroulait le 26 juillet (Fête de
Sainte-Anne) ou le dimanche le plus proche.
Suivant
la route, vous laissez sur votre droite la
statue
de sainte Anne
installée ici au début du 20
e
siècle et que la tempête du 15 octobre 1987 jeta à terre, la
brisant. Une autre statue l’a remplacée. Le socle en schiste est
remarquable.
Km :
0.6
Après le
virage à gauche
,
dans une clairière, se dresse un calvaire érigé le 23 août 1893
en souvenir d’une mission (2 semaines avec messe quotidienne,
confession, communion…).
Le 18 janvier 1913, pour marquer la fin
d’une autre mission, on remplaça l’ancienne croix par une
nouvelle.
Le 25 décembre 1953, en clôture d’une mission de 3
semaines, la statue du Christ descendue de la croix pour restauration
y fut replacée en présence d’une grande partie de la population.
Prêchés par des prêtres spécialisés (Montfortains, Franciscains,
missionnaires de l’Immaculé Conception…) missions et jubilés
revenaient environ tous les 5 ans.
Alors
que le catholicisme était confronté aux transformations politiques,
économiques, sociales et culturelles du 19
e
siècle, les missions cherchaient à imposer une religion
intransigeante à la fois sur le plan de la doctrine et de la morale.
Ce calvaire (la
croix actuelle date de septembre 2021) témoigne de ces grandes
émotions religieuses qu’étaient les missions temps de renouveau
spirituel mais aussi fête où les villageois ordinairement dispersés
par les obligations du quotidien se retrouvaient plusieurs jours
durant dans un grand bain de dévotions et d’exaltations.
Km :
1
Au
carrefour
, sur votre
droite, la croix des Quatre routes a été offerte par une famille du
bourg en 1877. En fonte avec feuillages, elle est fixée sur un palis
de schiste planté dans une table aussi de schiste posée sur un
socle de grès. Le calvaire utilise les matériaux locaux : le
grès qui se trouve sous vos pieds et le schiste que vous allez
trouver dans une centaine de mètres.
Partis
de Guénouvry (altitude 45 m.) vous voilà, à ce carrefour (70 m.),
sur un étroit plateau qui était, jusqu’en 1850, les « Landes
de Lieu-Saint ».
A cette époque, les landes occupaient la
moitié de la surface de la commune de Guémené-Penfao soit 51% (les
terres labourables : 22% ; les bois : 7% seulement).
Tous les bois qui, autour de vous, dessinent des sourcils au front
des collines, n’existaient pas.
Les landes étaient des communs où
chacun pouvait faire paître son bétail, ramasser du bois ou de la
litière pour l’étable. Leur partage, à partir de 1850, jettera
les paysans pauvres dans la misère ou les forcera à l’exode vers
les villes.
KM :
2.5
La
chapelle Sainte-Anne de Lieu-Saint
.
Pour tout savoir sur la chapelle et son pèlerinage, un gros livre
posé sur un pupitre est à votre disposition à l’ouest de la
chapelle près du panneau indiquant les chemins de randonnée.
Retrouvez l’’histoire de la chapelle sur le site de la mairie de
Guémené-Penfao à l’onglet « Histoire- et
Patrimoine-Livrets ».
http://www.mairie-guemene-penfao.fr/medias/2022/02/La-chapelle-Sainte-Anne-de-Lieu-Saint-et-son-pelerinage-Jean-Bourgeon.pdf
Aujourd’hui,
lors du pèlerinage à Sainte-Anne, les fidèles font le tour du site
en descendant jusqu’à la grotte de Lourdes, inaugurée en 1920
avec une statue de la Vierge-Marie remplacée en 1938 par une statue
de sainte Anne.
Faites
de même
et remontez à
la chapelle par un petit chemin (à l’est) raide et caillouteux.
Aux
premiers temps du pèlerinage, les fidèles descendaient de la
chapelle à la fontaine Saint-Méen, située au bas de la colline,
remontaient et faisaient trois fois le tour de la chapelle avant d’y
pénétrer.
Vous allez vous contenter de descendre sans remonter.
Pour cela, près du petit édifice qui sert de « Toilettes »,
un sentier s’engage
dans la végétation
sur la gauche. Suivez-le, toujours en descendant. Vous débouchez sur
la route, devant un calvaire représenté sur la carte par une croix.
Km :
3
Au
pied
de cette croix
datant
de 1872, se trouve ce qu’il reste de la fontaine Saint-Méen où
les pèlerins venaient faire des ablutions pour se guérir ou se
protéger de la gale et autres maladies de la peau.
En
suivant la route vers le nord, vous arrivez bientôt au bord du Don.
A l’entrée du village des Rivières la première maison, à
droite, a conservé son toit à coyaux, ces petites pièces de bois
qui relevaient les dernières rangées d’ardoises et permettaient
d’évacuer l’eau de pluie loin du mur.
Km :
4
Cette maison
appartient à un ensemble de constructions qui formaient autrefois
le
moulin des Piles.
Il
avait la particularité d’avoir 2 vannes barrant la rivière et
donc 2 roues hydrauliques, et d’être un moulin à foulon (pour
traiter la laine ou le cuir).
En 1859-1860, les bâtiments
industriels ont été démolis puis reconstruits en moulin à farine.
Depuis d’autres aménagements visibles depuis la route, ont eu
lieu. L’ancien moulin à eau a cessé de moudre pour devenir lieu
de résidence.
Le
gros
village des
Rivières
(5
e
agglomération de la commune à la veille de la guerre de 1914-18)
était peuplé presque exclusivement (hors les meuniers)
d’agriculteurs exploitant les terres riches et bien égouttées du
pied de la colline et celles, plus mouillées, du fond de la vallée
pourvoyeuses de foin (denrée rare autrefois) pour le bétail.
Après
un virage à gauche
(Km :
5
), la route, puis
un chemin raviné, remontent vers le plateau schisteux et les
anciennes landes. En suivant, à droite, la lisière d’un bois, qui
n’existait pas il y a cent ans, vous arrivez à Tréguely.
Km :
6.5
Le village
de Tréguely
offre de
très beaux points de vue sur la vallée du Don et la commune voisine
de Conquereuil. Il possède aussi d’anciennes maisons dignes
d’intérêt :
un
ancien four et sa boulangerie restaurés, au centre du village ;
à
l’angle de la route, sur la gauche, une ancienne maison restaurée
possède un beau parement de pierres.
A
la sortie du village, après un dernier coup d’œil sur le paysage
aux vastes horizons, vous pénétrez
(Km :
7.5)
dans les
anciennes landes devenues forêt.
Quittant la route vous prenez un
chemin, à droite, pour y pénétrer. Trois cents mètres plus loin
(étoile sur la carte) se dressait, jusqu’en 1875,
le
moulin à vent du Pavillon
qui possédait aussi une serre.
C’était le jumeau du moulin à eau
de Juzet.
Avant la Révolution, les moulins étaient réservés aux
seigneurs qui les faisaient exploiter par des meuniers. Pour éviter
les pénuries de farine, le même meunier exploitait un moulin à eau
et un moulin à vent en espérant, quand la rivière était
paresseuse, qu’un vent gaillard ferait tourner les ailes.
La
famille de Poulpiquet du Halgouët, propriétaire des moulins de
Juzet et du Pavillon va acquérir d’autres moulins des environs au
cours du 19
e
siècle, moderniser celui de Juzet et abandonner le moulin du
Pavillon qui sera démoli en 1875.
Le
chemin passe près de l’ancienne ferme du Tenou, à l’abandon,
avant de déboucher sur la route qui conduit à Juzet.
Poussez
jusqu’au pied du château reconstruit en 1854-57 par Eugène de
Poulpiquet du Halgouët dans le style « troubadour » en
vogue à l’époque après que Walter Scott avec « Ivanhoé »
(1819) et Victor Hugo avec « Notre-Dame-de-Paris »
(1831) eurent remis le Moyen-âge à l’honneur.
L’architecte en
est Jacques Mellet (Vitré 1807 – Rennes 1876).
Km :
8.5
L’ancien
moulin à eau de Juzet (ou moulin du Tenou) fut démoli en 1878. On
reconstruisit l’année suivante celui qui se baigne les pieds dans
le Don aujourd’hui.
Son propriétaire, de Poulpiquet du Halgouët,
lui adjoignit, en 1886, une annexe en bois abritant une machine à
vapeur pour pallier le manque d’eau de la rivière. L’annexe a
disparu et le moulin est devenu crêperie.
Revenant
sur vos pas, franchissez le pont construit en 1976 à la place d’un
gué, où l’on faisait aussi rouir le lin autrefois.
Vous passez
devant une ruine (à gauche) qui fut la maison-magasin hébergeant le
meunier, sa famille, ses deux ouvriers et les deux rouliers qui
transportaient blé, farine...
et suivez la route qui contourne une
vaste prairie cernée de collines, que l’on prendrait presque pour
des montagnes, et qui a pour nom : la Vallée. Sa notoriété
est telle, que l’on a donné son nom à un village,
un
moulin
, un étang.
Sur
l’étroite route qui monte vers le village de Mézillac, vous
croisez bien des ruines dont celles, sur votre droite
(Km :
10)
, juste
en-dessous du déversoir de l’étang de la Vallée, d’un moulin.
Il était situé, avant la Révolution, 300 mètres plus haut sur le
ruisseau (il en reste la chaussée signalée par une étoile sur la
carte). La famille de Bruc, propriétaire, l’a descendu à cet
endroit où la vallée se resserre juste après un évasement du
relief propice à accueillir un étang.
Il était jumelé avec le
moulin à vent de Ligançon.
Les déboires de la famille de Bruc dans
les années 1880 ont provoqué la vente des deux moulins à la
famille de Poulpiquet du Halgouët.
Le moulin de Ligançon fut démoli
en 1888. Le moulin de la Vallée continua à fonctionner jusque dans
les années 1920. Puis il fut en partie démoli, ainsi que d’autres
bâtiments alentour dans les années 1940.
Les
versants qui descendent vers la route où vous cheminez étaient
jusqu’en 1850 recouverts de landes. Le partage de celles-ci profita
surtout au propriétaire du château de Bruc qui en fit une extension
de son parc.
Km :
11
Le
village de Mézillac
a
gardé l’organisation qu’il avait sur le cadastre de 1835 à
l’exception des bâtiments contemporains de deux exploitations
agricoles et de quelques autres constructions.
Le
village de Mézillac sur le cadastre de 1835
Les bâtiments sont alignés de chaque côté de la rue et
forment des « barres », c'est-à-dire des constructions
jointives, abritant plusieurs familles. Chacune d’entre- elles dispose d’une
pièce ou deux en bas avec le grenier au-dessus qui ouvre par une
lucarne ; on y accède par une échelle.
La
barre de couleur claire (1
ere
barre sur le plan) située au centre du village comportait, en 1835,
5 pièces en bas : un logement, une étable, un logement, un
logement, une étable. Cette barre a perdu ses lucarnes de grenier et
a été entièrement reconfigurée.
A
l’extrémité ouest du village, près du carrefour, une autre barre
(2
e
barre sur le plan) comportait 6 pièces en bas avec greniers
au-dessus. Les lucarnes sont toujours là.
Ces 6 pièces étaient des
logements. Les étables étaient installées dans des bâtiments
situés de l’autre côté de la rue dont certains ont disparu.
Cette
barre aux 6 lucarnes témoigne de l’évolution de l’habitat. Au
centre, la partie en pierres apparentes est assez proche de
l’architecture traditionnelle.
Les murs sont en moellons (pierres
non taillées) de schiste et de grès, agglomérés avec un mortier
maigre composé de chaux, de sable, d’argile.
Le parement extérieur
est réalisé à l’aide d’empilements soignés de moellons tandis
que le cœur du mur est rempli de cailloux, éclats de pierre,
mortier maigre.
Les
murs étaient protégés par un enduit lisse composé de chaux et de
sable. Les façades principales étaient recouvertes d’un badigeon
de chaux blanche pour compléter la protection contre la pluie
assurée par le toit à coyaux.
Aujourd’hui cet enduit a en grande
partie disparu. Les linteaux des portes et fenêtres sont en bois. La
toiture traditionnelle à coyaux a disparu.
Les
logements voisins ont subi des transformations plus ou moins
importantes : ouvertures de fenêtres à la fin du 19
e
siècle (souvent les logements n’avaient que la porte comme
ouverture) ; entourage de briques (début du 20
e
siècle) ; enduit de ciment sur la façade….
Au
carrefour, à la sortie du village, vous pouvez relier la chapelle
Saint-Georges par une petite route goudronnée ou par un chemin de
terre qui lui est parallèle (200 m plus bas) ou encore opter pour la
variante passant par le château de Bruc.
Km :
12
La chapelle
Saint-Georges
:
ce petit sanctuaire classé à l’Inventaire des Monuments
Historiques vous conte son histoire dans un gros livre situé dans
l’angle sud-est de l’ancien cimetière entourant la chapelle.
Des
travaux importants de restauration vont bientôt être entrepris par
la municipalité de Guémené-Penfao pour rendre à la chapelle son
lustre d’antan et au clocher sa flèche d’autrefois.
Retrouvez l’’histoire de la chapelle sur le site de la mairie de
Guémené-Penfao à l’onglet « Histoire- et
Patrimoine-Livrets ».
http://www.mairie-guemene-penfao.fr/medias/2022/02/La-Chapelle-Saint-Georges-a-Guemene-Penfao-Jean-Bourgeon.pdf
Km :
13
Le
Verger
était avant la
guerre de 1914-18, la troisième agglomération de la commune après
les bourgs de Guémené et de Beslé.
Situé sur un mamelon, sa
population, essentiellement agricole, mettait en labour les terres
riches et bien drainées qui en constituent les flancs et laissaient
en prairie pour le foin les zones humides bordant le ruisseau de
Mézillac.
Ici les maisons n’étaient pas alignées le long d’une
rue mais formaient des noyaux constitués de logements et de
bâtiments agricoles entourés de jardins.
Aujourd’hui, l’habitat
est plus dense qu’au 19
e
siècle, mais en vous promenant dans le village vous retrouverez les
constructions en barres sur deux niveaux déjà rencontrées dans les
villages précédents.
Descendez
vers Guénouvry, lové au fond de son vallon, parmi un paysage de
campagne ouverte. Si les bois ont poussé sur les collines et les
anciennes landes, soulignant l’horizon d’un trait sombre,
l’ancien bocage à larges mailles des champs qui vous entourent a
disparu avec le remembrement à la fin des années 1960.
En
entrant à Guénouvry
(Km :
14.5)
vous passez
devant la croix de la Aulmet (à droite). Feuillagée, en fonte,
montée sur un palis, elle a été érigée en 1892.
Les noms des
donateurs sont gravés sur la pierre bleue. Votre chemin de croix (je
ne vous les ai pas toutes signalées), de chapelles, de moulins
s’achève.
Pour
vous reposer, désaltérer et passer un moment convivial rendez-vous
chez Dédée au « Café-Alimentation des Sportifs », le
dernier petit commerce en activité à Guénouvry. Écoutez la vous
conter Guénouvry.
Jean
Bourgeon