Dès la période Gallo-romaine, la pierre bleue est utilisée comme en témoignent la réalisation de chaussées de voies romaines avec des dalles de schiste placées sur chant
dont la robustesse est attestée par leur présence vingt siècles plus tard. Des exemples de telles constructions sont en effet encore visibles au Grand-Pont-Veix sur Conquereuil.
Dans une époque
moins lointaine la Pierre bleue a connu une époque florissante avec l’âge d’or du XVIe siècle. Manoirs, hôtelleries, auberges de l’époque témoignent de l’utilisation du schiste de Nozay. De cette
époque subsistent encore les escaliers hélicoïdaux des tourelles desservant l’étage ou les combles. De belles pierres ont également été employées à l’ornementation principale, la cheminée
dont le manteau est parfois orné d’un écu sculpté.
Jean de Laval, baron de Châteaubriant et donc seigneur de Nozay a su mettre
à l’honneur ce matériau vers 1530 pour la construction de son Château Renaissance, notamment pour l'escalier d'apparat, d'architecture Renaissance italienne, dont les marches sont en schiste, mais également pour la galerie
sud, très originale, avec ses vingt-deux arcades à colonnes de schiste contrastant avec la galerie de briques rouges prolongée par un pavillon en retour, lui aussi percé d’arcades.
La forte concentration de manoirs et de logis nobles en schiste dans la région de Nozay peut s’expliquer par la présence sur place de l’ancien rendez-vous de chasse de la famille des Laval, les garennes de la Ville-au-Chef.
Jean de Laval, seigneur de Châteaubriant, gouverneur de Bretagne, en ayant fait une maison de plaisance, au temps de François Ier.
Après le XVIe siècle florissant, survient une période
de deux siècles où la pierre de Nozay cesse d’être employée pour les parements des encadrements de portes et fenêtres des belles demeures au profit du tuffeau du Val de Loire.
La reprise de l’exploitation des carrières de schiste de Nozay s’opère de façon spectaculaire au XIXe siècle sous l’impulsion notamment de l’ingénieur lorrain Jean
Jacob Franck qui modernise et industrialise l’extraction du schiste.
Traditionnellement, le schiste est utilisé de multiples façons, dans l’habitat lui-même (escaliers, encadrement
de portes et fenêtres, linteau sculpté, meneaux, dallage au sol), dans ses constructions annexes (moulins, fours à pain, granges, étables, hangars, lavoirs.), ou dans les divers ouvrages façonnés dans ce matériau
(éviers, tables, auges, bacs, abreuvoirs, murettes, palis…).
Les ouvrages funéraires, les croix, et les calvaires ont également pu profiter de la finesse du grain de cette roche.
Localement, certains schistes présentent un débit en baguettes très allongées. Ces schistes esquilleux, dits « en barrettes » ont
été exploités dans la région de Nozay : ne pourrissant pas, ils remplaçaient avantageusement le bois pour échalas dans les vignes et collecteurs de parcs à huîtres.
De nouvelles carrières ont même été ouvertes dans la région de Marsac/Don à la suite du renouvellement du vignoble nantais, atteint par le phylloxéra à la fin du XIXe siècle.
Mais la mécanisation des vendanges et la crise du bâtiment, dans les années 1970 ont porté un coup fatal aux carrières de schiste de la région de Nozay. Seule subsiste une exploitation
là où la commune de Nozay en comptait jusqu’à une vingtaine.