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Une rubrique sur les croix de chemin des pays de Châteaubriant et Ancenis dans le nord de la Loire-Atlantique s'appuie sur un travail d'inventaire des croix de la région influencée par la taille de la pierre de Nozay et ses artisans carriers, réalisé en 2016 et 2017 par José Teffo.
Cet inventaire recense l'ensemble des croix mentionnées sur les carte IGN au 1/25 000 ème et certaines ne figurant pas sur celles-ci.
Sur l'ensemble de cette région comprenant la totalité ou presque de l'ancien arrondissement de Châteaubriant et certaines communes limitrophes du Pays d'Ancenis, La pierre de Nozay, schiste local a largement influencé le choix des matériaux utilisés dans la confection des croix de chemin et de cimetière.
L'objectif de cet inventaire est de mesurer l'influence et le rayonnement de la pierre de Nozay dans l'élaboration des croix et plus particulièrement dans la confection de Christ sculptés dans ce schiste local que l'on retrouve avec plus ou moins d'importance dans l'ensemble de cette région.
Pour essayer de visualiser l'aire d'influence de ce schiste bleu, une carte recensant la part des croix en schiste dans l'ensemble des croix de chaque commune de ce secteur a été réalisée (voir Inventaire Croix Pays Nozay)
Rayonnement de la pierre bleue
Mon attrait pour la
«pierre bleue» m’a amené à vouloir en connaître son
rayonnement. Les nombreuses croix sur les chemins de nos campagnes
m’en ont donné l’occasion.
Ainsi, il y a quatre ans,
avec mon frère Didier, nous les avons répertoriées et
photographiées sur quarante cinq communes, dans un rayon 30 kms
autour de Nozay, plus de 1250, dénichées d’après les cartes IGN
(et aussi un peu par le bouche à oreille, 10% pourraient être
encore cachées dans les ronciers).
Dans une première
couronne 10 kms (Abbaretz-La Chevallerais-Derval-La
Grigonnais-Jans-Marsac-sur-Don-Puceul-Saffré-Treffieux-Vay), sur les
400, 190 sont en pierre bleue, auxquelles s’ajoutent les croix de
fonte où ce matériau est majoritaire par leur socle et leur embase.
Dans la deuxième
couronne 20 kms, comprenant Blain-Conquereuil-Le
Gâvre-Guémené-Penfao-Guénouvry-Nôtre-Dame
de-Grâce-Issé-Joué-sur-Erdre-Lusanger-La
Meilleraye-Mouais-Saint-Vincent-des-Landes sur les 470 (dont plus de
100 à Héric), près de 100 croix de schiste ont été recensées,
avec une vingtaine de croix en fonte.
A mon étonnement, la
troisième couronne 30 kms,
Bouvron-Chateaubriant-Erbray-Fay-de-Bretagne-Le
Grand-Auverné-Louisfert-Moisdon-La-Rivière-Le
petit-Auverné-Rougé-Saint-Aubin-des-Chateaux-Ruffigné-Saint-julien-de-Vouvantes-Soudan-Trans-sur-Erdre,
Comporte pas loin de 400 croix (plus de 100 à Fay-de-Bretagne), La
pierre bleue est présente sur 90 d’entre elles et sur une dizaine
de croix de fonte.
Cela fait plus de 350
croix dont le schiste est majoritaire (38%) et près de la moitié
sont pattées (170), les plates, rectangulaires et droites, les
rondes sont quasi à égalité entre 50 et 60.
Si à Nozay il représente
90%, 60% à Marsac, ce qui est normal ces communes étant des lieux
d’exploitation des carrières.
Dans la première
couronne, 55% à Saffré et Treffieux, 45% à La Chevallerais, 42 à
Derval.
Lusanger a la palme pour
la deuxième couronne avec 48% suivi de près d’Issé et de
Saint-Vincent, Héric 28%.
Le rail, tout
nouvellement installé, vers 1870, peut expliquer les 65% de
Saint-Aubin, dans la troisième couronne, 48 à Sion, 40% au petit et
grand Auverné et Soudan.
Il faut cependant
relativiser ces pourcentages et les ramener au nombre de croix de
chaque commune qui peut passer de 10 à plus de100..
Si les croix de Nozay
sont majoritairement simples (et pourtant 14 ont un christ sculpté
sur les 42 encore existantes), elles deviennent de plus en plus
travaillées et de plus en plus hautes au fur et à mesure que l’on
s’éloigne. Où est la part de la foi chrétienne et l’affichage
de la réussite sociale (ou la rivalité entre familles aisées),
pour ces commandes qu’un ouvrier carrier ne pouvait en aucun cas
offrir aux siens..
La palme revient encore à
Lusanger où les maîtres carriers de Nozay se sont «lâchés»pour
montrer sur cette petite commune, pourtant bien loin des carrières,
tout leur talent en la matière: hauteur, finesse, prouesse
d’assemblage, originalité, sculpture, beauté du veinage de la
pierre. Tout y est, un patrimoine vraiment à conserver…
Un patrimoine qui s’est
établi sur plus de 400 ans, avec l’apparition des croix dites
«juliennes» taillées entre 1597 (Le Petit-Auverné) et 1650,
poteaux indicateurs pour les pélerins se rendant par milliers à
Saint-Julien de Vouvantes suite à un «miracle» qui se serait
produit là, et à ses fontaines guérisseuses. Beaucoup ont été
victimes de la Révolution, mais par leur construction en deux
parties, un grand nombre de croisillons (qui ont pratiquement tous un
christ sculpté), ont été démontés et mis à l’abri. Entre ces
derniers et les croix complètes, il en reste environ 160 (dont une à
Nantes et un certain nombre en Anjou et Castelbriantais).
Mais le tuffeau a détrôné
la pierre bleue, on trouve cependant de très belles croix faites
entre 1810 et 1820.
Puis la Révolution
Industrielle apparût avec ses premières croix de fonte moulées,
d’un prix abordable et aussi par la reprise des carrières par Jean
Jacob FRANCK, constructeur de moulins, alsacien de
Meurthe-et-Moselle, qui arriva à Nozay en 1861 en adaptant des
machines pour le sciage et le tournage, il fût suivi par un nantais,
Aimé Julien MAURICE en 1868.
Le premier, sculpteur
talentueux, décupla sa production pour la production, entre autres,
de dizaines de milliers de «cubes» formant les entourages des
portes et fenêtres, les arêtiers des maisonnettes pour les
garde-barrières de la ligne de chemin de fer, alors en construction.
.Ces moellons furent
désormais partout (nouvelles églises, maisons) et entrèrent aussi
dans la construction des socles des croix.
Les maîtres-carriers
eurent leurs heures de gloire entre 1870 et 1900 (les plus belles
croix sont de cette époque). La première guerre mondiale stoppa la
production qui reprit un peu après par l’édification de croix de
reconnaissance de retour de guerre.
Mais toutes les
possibilités qu’offrent désormais le ciment et le béton, à
moindre coût, furent fatales à la pierre bleue, quelques unes
furent encore taillées pendant la deuxième guerre, et en ce qui
concerne Nozay, la dernière fût le Calvaire de Créviac (aussi de
reconnaissance) Ce n’est que du Fréour, le top du top, excusez du
peu (érigé à l’origine sur la route Nantes/Rennes, déplacé
dans la propriété lors de la déviation de la ville..
Au plus fort des
exploitations, les carrières employaient près de 200 personnes, ce
qui est peu par rapport à tout ce qui en est sorti. Un accident
mortel en 1891 (il y en eût peut-être d’autres). J’ai un
immense respect pour ces tailleurs (souvent d’anciens ouvriers
agricoles), Ils en ont sué et éreinté pour donner le meilleur à
cette pierre. Rien que pour cela, ce petit patrimoine se doit d’être
préservé.
José Teffo
Plus d'infos sur les croix du Pays de Châteaubriant :
http://www.tresorsdupaysdechateaubriant.fr/349158116
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